COMMENT FAIRE LE FRANÇAIS PLUS ATTRAYANT?
ETUDE SUR LE JEU EN CLASSE DE FLE
Prof. Alexie Cristina
«C.T. Ion Mincu», Slatina
Sans diminuer le rôle et l importance de l’écrit dans l’apprentissage et l’exercice dans une langue étrangère, nous devons nous arrêter surtout sur la nécessite d’animer l’oral en classe de langue. Pourquoi? Evidemment pour être en concordance avec le programme actuellement en vigueur du baccalauréat roumain qui prévoit une épreuve orale obligatoire en langue étrangère.
Les avantages reconnus au jeu en pédagogie (selon Jean-Marc Care, Bernard Dufeu, D. Chaevel, V. Michel) sont: son mimétisme (anticipation du monde des adultes), sa capacité de transmission culturelle, son caractère d’instrument de socialisation, permettraient une initiation au plaisir verbal, invitent à un comportement communicatif global (corps, sensibilité, intellect), font vivre la langue en action et en relation, permettent au participant de s’exprimer dans la langue étrangère et de ne plus se borner à reproduire la langue du manuel, peuvent faire naître une atmosphère de spontanéité créatrice qui favorise la résurgence de connaissances antérieurs, en créant un espace privilégié à l’intérieur de l’espace de classe, en favorisant le développement d’attitudes, d’aptitudes et de comportements communicatifs; le jeu présente des avantages affectifs car il permet de dépasser l’égocentrisme, d’adopter une position de leader, de multiplier les contacts, d’apprendre à gérer la collaboration, l’accord, l’opposition, il présente des avantages cognitifs car il aide à l’élaboration de structures mentales, il développe l’intelligence, l’observation, la motivation, l’esprit critique, les facultés d’analyse et de synthèse. Haydée Silva, docteur en littérature et civilisation françaises, professeur en didactique du FLE à l’Universidad Nacional Autónoma de México, et spécialiste du jeu en tant qu’outil pédagogique pour l’enseignement/apprentissage des langues considère que:
a. Le jeu offre un moyen d’élargir sa panoplie pédagogique mais ne sera jamais une panacée. Somme toute, il s’agit d’une ressource pédagogique parmi d’autres, qui reste soumise aux mêmes déterminations que les autres. Il convient de ne pas l’idéaliser ni la diaboliser, mais de tâcher de mieux la comprendre pour mieux l’exploiter. Par conséquent …
b. Il importe moins d’appeler "jeu" une quelconque activité que de définir des objectifs clairs et cohérents pour cette activité. Très souvent, on trouve sous l’étiquette "jeu" des activités décevantes, tandis que d’autres activités non officiellement ludiques induisent une attitude qui se rapproche tout à fait de l’attitude de jeu dont j’ai déjà parlé. Plutôt que d’annoncer au groupe "aujourd’hui, on joue !" pour proposer ensuite une séquence mortellement ennuyeuse ou inadaptée, il vaut mieux préparer avec soin et rigueur sa séquence, en réfléchissant à ce qui permettra d’encourager l’attitude ludique. Si on y parvient, si les apprenants y voient un jeu et y prennent plaisir, tant mieux!
c. Ce qui compte avant tout, c’est l’attitude ludique, mais le matériel, les règles, le contexte doivent y contribuer. Comment favoriser cette attitude, cette conviction intime du joueur face à ses propres actes, qui lui permet de s’engager corps et âme tout en gardant son détachement? Un matériel attirant, solide, robuste et bien conçu ; des règles claires, intéressantes et dynamiques; une atmosphère détendue ne garantissent rien, mais ils contribuent largement à favoriser l’attitude voulue.
d. Quand on joue en classe, on ne joue pas à jouer, on joue. Parmi les nombreuses catégories dégagées par les spécialistes du jeu, il y a les jeux de faire semblant. Or, quand on joue à faire semblant, on joue quand même! Autrement dit, les jeux proposés doivent rester des jeux et non des ruses pédagogiques. Je pense ici aux professeurs tellement soucieux des dérapages qu’ils interrompent une activité de jeu dès qu’ils en perdent le contrôle absolu. Un jeu pédagogique bien préparé ménage une place à l’imprévu. Il ne faut pas angoisser à l’idée de ne pas avoir tout prévu: le cadre ludique est très contraignant et offre un potentiel d’autorégulation étonnant.
e. Les apprenants doivent être des jouants, non des joués ni, pire encore, des jouets. Certains professeurs sont tellement attirés par les jeux qu’ils les introduisent en classe sans se demander si les apprenants en seront les sujets ou les objets. L’enseignant peut choisir de se tenir à l’écart pendant le jeu ou de jouer aux côtés des apprenants, mais jamais il ne devrait permettre que le jeu mette en danger la stabilité psychique des membres de sa classe. Je pense ici à certains dérapages dans l’utilisation des jeux de rôles, glissant dans le domaine de la psychothérapie entre les mains d’un animateur non formé. L’univers ludique inclut aussi des jeux cruels ou humiliants qu’il faut éviter à tout prix. L’enseignant doit donc veiller à ne pas abuser de son pouvoir pour faire des apprenants ses joujoux personnels.» (Entretien avec Haydée Silva, sur http://www.francparler.org/articles). On peu donner comme exemple le jeu de l’alibi: Diviser la classe de français en petits groupes de 3 personnes (pas de groupes de 2 personnes). Expliquer ensuite qu'un crime horrible a été commis dans l'école, la veille entre 17h et 18h (par exemple). Chaque groupe doit élaborer un alibi commun pour cette plage horaire. Les étudiants doivent être très précis. Dans un deuxième temps passer aux interrogatoires. Dans un groupe, on garde un membre et les autres sortent de la pièce. La personne qui est restée est interrogée par le reste de la classe. Une fois son interrogatoire fini, elle va s'asseoir et doit rester muette et ne faire aucun signe. On fait rentrer un autre membre du groupe qui est interrogé à son tour (les questions sont en rapport avec le premier interrogatoire). L'animateur doit veiller à ce que tout le monde pose des questions. Et ainsi de suite jusqu'à ce que tous aient été interrogé. On confronte ensuite les témoignages et on constate immanquablement qu'il y en a un ou plusieurs qui ne coincide(nt) pas. Soit ils sont tous coupables, soit un seul du groupe est coupable. Ensuite recommencer avec un autre groupe, si on a le temps. Rires et bonne ambiance garantis! Utilisation du passé, compréhension orale des questions posées, utilisation de la négation en classe de FLE.
Les activités brise-glace sont aussi bien intéressantes. Une activité brise-glace c’est mettre en place une activité ludique qui vous permet de nouer un premier contact avec les élèves, de découvrir leurs centres d’intérêt, d’évaluer leur niveau de français et de renforcer la cohésion du groupe. Il est essentiel que chaque élève y participe. On peut jouer le jeu qui s’appelle «Moi» - vous donnez des dates et des mots qui vous caractérisent, écrits au tableau ou sur une feuille et les élèves devinent en remue-méninges ce que les mots leur apprennent sur vous. On peut aussi jouer: «Le dialogue des fous», «Il était une fois…», «L’histoire interrompue», «Le mime mystère», «Jeu des anges et des démons».
Comme on voit, le jeu nous offre plusieurs possibilités de mieux connaître nos élèves et de mieux appliquer les connaissances acquises dans la classe de français et d’éveiller leur intérêt pour la langue et la littérature française et utiliser leur imagination.
Bibliographie:
CURTA, ADINA - Du jeu aux activités ludiques, Editura Aeternitas, Alba Iulia, 2006
Sitographie:
1. http://www.francparler.org
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