LES ETAPES DE LA COMPRÉHENSION ORALE
Ilie MINESCU
Universitatea de Vest TIMIŞOARA
La pré-écoute
Lors d’une activité de compréhension orale, les élèves comprennent en général:
- les mots qu'ils connaissent déjà;
- les mots transparents ;
- les mots dont le sens peut être facilement déduit du contexte.
Pour élargir le champ de la compréhension et rendre l’exercice plus efficace, il est intéressant de faire au préalable une activité de préécoute.
Ce type d’activité sert par exemple à rappeler des mots oubliés ou à introduire des termes nouveaux. L’activité de préécoute a alors pour fonction d’apporter en amont de l’écoute quelques outils linguistiques utiles pour la compréhension du document.
C’est le premier pas vers la compréhension du message. Avant d’introduire le document sonore, on peut travailler soigneusement la présentation d’une situation (le contexte) qui correspond à une mise en condition psychique de l’apprenant. Ici, on voit le rôle des connaissances linguistiques dans l’attente perceptive. Cette phase préparatoire permet d’introduire le vocabulaire nouveau, un outil indispensable à la compréhension.
Elle sert aussi à découvrir la situation de communication, le plus souvent grâce à l’observation et à la description d’une illustration ou d’une vidéo dont le son est coupé. Ce support visuel présente en général une situation de communication explicite, qui doit facilement s’inscrire dans l’expérience des étudiants.
Les "connaissances générales sur le monde" des élèves ne disparaissent pas pendant l’apprentissage d’une langue étrangère et constituent un très bon point d’appui pour la compréhension. En partant du connu (la situation) vers l’inconnu (le discours), d’une part les étudiants peuvent formuler des hypothèses (prévision de ce qui va se passer grâce à leur expérience personnelle), et d’autre part les formes linguistiques nouvelles prennent plus facilement sens car elles sont intégrées à une situation de communication claire.
L’écoute:
La 1ère écoute qui peut être concentrée sur la compréhension de la situation pour faire saisir à l’apprenant le cadre du texte. Repérage de choses simples telles que la nature du document (interview, dialogue, informations, jeu…), les interlocuteurs (nombre, nom, professions…), le lieu et le sujet du document.Petite prise de notes pour mémoriser les indices entendus et préparer la restitution orale. Mise en commun de ce qui a été compris par rapport au repérage demandé.
· Qui sont les personnages?
· Où se déroule la scène?
· Quand ça se passe?
· D’où provient le document sonore?
· A qui s’adresse-t-il?
· Quel est son but?
· De quoi ça parle?
Vérification des réponses au cours d’une deuxième écoute.
La 2éme écoute pour rassurer les apprenants de niveaux faux –débutants et intermédiaires, leur permettre de vérifier les données relevées et pouvoir ainsi compléter les réponses.
Repérage de notions plus précises (ex. : description d'une personne ou d'un objet, arguments publicitaires, chronologie d'un récit, indications d'un itinéraire...). Travail avec une fiche d'écoute pour guider l'apprenant.
Réecoute du document si nécessaire.
Pour les apprenants de niveau avancé, elle peut les aider à réaliser des activités plus complexes, par exemple : faire une synthèse de différentes idées.
Une écoute active est une écoute consciente, effectuée dans la vigilance, et qui met en jeu le double fonctionnement de la perception et de parole, c’est-à-dire un traitement selon deux modes, l’un de type global, l’autre de type analytique.
Après l’écoute:
Les apprenants doivent savoir ce que l’on attend d’eux après l’écoute, c’est-à-dire quelles tâches ils seront amenés à accomplir. On insiste beaucoup sur le réinvestissement de l’acquis dans une tâche réelle signifiante. Il s’agit de faire le point sur les apprentissages en mettant a contribution les compétences acquises.
Les stratégies d’écoute
Qu’est-ce qu‘une stratégie?
C’est une technique d’apprentissage, une démarche consciente, un plan d’action en vue de résoudre un problème.
Développer une écoute analytique
L’écoute analytique exige que l’élève soit très attentif à la parole orale, dite, lue ou chantée. Elle consiste à remarquer les détails, à les agencer pour ensuite arriver à une synthèse.
Exercices:
Ex. 1 Avant l’exercice d’écoute, écrire quelques mots au tableau en attirant l’attention des apprenants sur les mots.
Après l’écoute, demander comment chacun de ces mots a été utilisé dans le contexte.
Ex. 2 Faire trouver tous les mots d’un texte lu indiquant l’heure, la saison, le lieu … etc.
Ex. 3 faire relever les termes descriptifs : ceux qui décrivent une personne, un animal, une chose, un lieu ; les termes à charge émotive, ceux qui expriment des sentiments, des états d’âme.
Commentaire:
Tout passe par l’oral et la représentation visuelle. Le travail d’analyse peut-être diversifié en fonction du niveau linguistique des apprenants. Pour les niveaux intermédiaires et avancés, on proposera des documents permettant de travailler sur l’argumentation, l’explication et la description.
Développer une écoute synthétique (globale)
L’écoute synthétique suppose qu’on sache rassembler les détails pour arriver à une vue d’ensemble ou à une idée principale.
L’écoute synthétique suit normalement l’écoute analytique. Les deux sont nécessaires pour arriver à un raisonnement par induction.
Exercices:
Ex. 1 Faire résumer une histoire que l’apprenant vient d’entendre.
Ex. 2 Faire écouter un compte-rendu, une histoire, un poème ou une chanson. Demander de suggérer un titre.
Ex. 3 Faire écouter un enregistrement et demander aux apprenants d’énumérer (a) les renseignements entendus, (b) les renseignements inférés.
Commentaire:
Un travail de ce type permet de développer l’écoute de variabilité. On permet aux apprenants de reconnaître que l’on peut comprendre sans tout saisir. On peut aussi changer d’objectifs d’écoute et proposer des tâches variées, des activités qui demandent de faire des associations. Cette écoute séduit ceux qui ont de l’imagination.
Développer une écoute critique
L’écoute critique consiste à évaluer, à juger, à comparer, à inférer, à conjecturer.
Exercices:
Ex. 1 Construire un tableau qui aide à améliorer l’écoute et à évaluer un discours :
· Quels sont les points importants ?
· Quelles idées nouvelles ou significatives ont été émises ?
· Quels détails a-t-on soulignés ? Pourquoi ?
· Dans quelles sources a-t-on puisé les idées ou les renseignements ?
· Quel thème a été choisi ? Pourquoi ?
· Quel était le point de vue de l’auteur ? Pourquoi ?
· Etes-vous d’accord ou non ? Pourquoi ?
Ex. 2 Inviter les apprenants à comparer deux reportages d’un même événement, entendus à la radio ou vus à la télévision.
Ex. 3 A la suite d’une lecture d’un conte, d’un film, d’unprogramme télévisé, présenter une série de phrases.
Faire distinguer si ces phrases expriment des situations vraies ou fausses, réelles ou imaginaires, possibles ou impossibles.
Commentaire:
Cette écoute aide à distinguer le possible de l’impossible, l’imaginaire et le réel, le vrai et le faux, le fait et l’opinion.
Développer une écoute perceptive
L’écoute perceptive s’adresse aux apprenants qu ne cherchent que le sens (et en particulier le sens des mots). Elle permet de concentrer l’attention sur le registre de voix, les formes expressives qui relèvent des aspects de la personnalité. Cette écoute permet la perception vocale et la perception intonative.
Exercices:
Ex. 1 Choisir des dialogues enregistrés entre des personnes qui parlent de façons différentes sur des sujets qui touchent la sensibilité : le chômage, la famille… Demander aux apprenants de relever les changements de voix. Concentrer l’attention sur les silences et faire les caractériser par leur fréquence.
Ex. 2 Choisir un document qui n’est pas forcément tiré de la réalité. Il peut être constitué de suite de phrases ayant des schémas intonatifs variés. Retrouver à quelle situation correspond l’intonation choisie : l’ordre, le doute, la contrariété, le refus poli, l’exaspération, le souhait, la surprise.
Commentaire:
Cette écoute active la sensibilité. Les apprenants apprennent les formes intonatives. C’est un bon prétexte pour passer en douceur de l’écoute à la production, et pour travailler des articulations phonétiques.
Développer une écoute créatrice
L’écoute créatrice consiste à utiliser les éléments entendus, compris et interprétés pour inventer une solution nouvelle et originale à un problème quelconque. Elle peut être : (a) anticipatrice (vers l’avant), demander de reconstituer la fin ; (b) récapitulative (vers l’arrière), faire remarquer qu’il manque une idée et la faire retrouver.
Exercices:
Ex. 1 Raconter un conte ou une histoire. L’apprenant est invité à les terminer à sa façon.
Ex. 2 Raconter ou lire un fait, une histoire en entier. Demander à l’apprenant d’apporter une conclusion autre que celle qu’il vient d’entendre.
Ex. 3 Raconter une fin d’histoire ou d’un conte. Faire imaginer ce qui précède.
Commentaire:
L’écoute anticipatrice conduit l’apprenant à faire fonctionner son horizon d’attente et ses attentes perceptives.
L’écoute spéculative conduit l’auditeur à faire marche arrière par rapport au défilement de la séquence sonore et à effectuer des synthèses partielles du discours.
Cette activité en deux étapes fait travailler l’analyse et la synthèse.
Bibliographie
Cornaire,C, Germain, C, La compréhension orale, CLE International, 1998
Lhote, E, Enseigner l’oral en interaction, Hachette, coll F, 1998
Bolton, S.: Évaluation de la compétence communicative en langue étrangère. CREDIF-Hatier, Coll. LAL, Paris, 1987
Organisation du Baccalauréat International, 2002, Programme du Diplôme, Langue B: Premiers examens en 2004, Genève
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